Le gigantesque projet de centre commercial OpenSky à Sophia Antipolis cristallise toutes les oppositions : trafic routier, défense des petits
commerçant, écologie .
Nous développons ici les arguments en rapport au changement climatique, pour lequel OpenSky est un cas d'école du pire, tant sur ses causes que sur ses
effets. Ce type de projet est en opposition totale avec les engagements de la COP21.
Introduction : effets prégnants, consensus scientifique implacable
Le réchauffement climatique en cours, qui touchait jusqu'à maintenant les populations les plus pauvres du sud, commence à toucher aussi nos latitudes : épisodes de canicule, fonte des glaciers, événements météorologiques violents ... sont de plus en plus fréquents et intenses.
Le consensus
scientifique à ce sujet est implacable : les émissions de gaz à effet de serre (C02, CH4, ..) d'origine humaine (anthropiques) sont la cause principale de ce dérèglement climatique, d'une
rapidité inégalée dans l'histoire géologique.
Face à un bouleversement qui menace à la fois l'humanité et le vivant, notre civilisation doit prendre des mesures radicales :
- Pour baisser les émissions de GES
- Pour se préparer aux effets d'un réchauffement inéluctable (à minima 2° avant la fin du siècle)
Sur ces deux tableaux, OpenSky est un cas d'école du pire.
Empreinte carbone : le triple effet OpenSky
Par ses objectifs, sa conception et sa réalisation, OpenSky présente une empreinte directe énorme :
1) Déboisement de 15 hectares
La végétation terrestre est l'un des principaux puits de carbone naturel. Elle absorbe une partie de nos émissions. Chaque surface artificialisée nous prive d'un moyen naturel pour lutter contre le réchauffement climatique
2) Construction : 100.000 tonnes de béton = 20.000 tonnes de CO2
Le béton est une catastrophe pour le réchauffement climatique. Son empreinte carbone est considérable : 200kg par tonne de béton. La seule empreinte carbone du béton de OpenSky est donc de 20.000 tonnes de CO2, sans compter les rejets des engins de chantier et l'empreinte de tous les aménagements routiers et équipements intérieurs.
Cela correspond à l'empreinte moyenne de 8000 français pendant un an, ou encore celle de tout Sophia Antipolis pendant 1an.
Idéalement, l'humanité devrait peu à peu proscrire le béton au profit de matériaux naturels, à l'empreinte carbone négative, comme le bois et la paille. D'autant que la filière béton fait face à une pénurie de sable et menace les plages et le littoral
Hélas les constructions pharaoniques de type OpenSky se prêtent peu à ce genre de construction. Encore une fois, les architectes (Gianni Ranaulo) se font plaisir, en dépit du bon sens et en ignorant totalement les contraintes écologiques.
3) Empreinte de fonctionnement : classe "D", clim à fond et panneaux solaires cosmétiques.
Une fois construit, ce centre commercial contribuera encore à une empreinte carbone importante, par son fonctionnement :
De par sa conception archaïque (béton + laine de verre) et de choix architecturaux délirants (chape de verre dans le sud de la France en dépit des principes bio-climatiques élémentaires) ce bâtiment présente une performance énergétique médiocre : 193 kWh par m2 et par an. Au passage, de telles performances énergétiques sur votre logement vous vaudraient une classification "D". Mais la législation est particulièrement souple pour les surfaces commerciales
Ainsi, malgré une électricité française largement décarbonée (90 g par kWh), nous arrivons à une empreinte annuelle de :
70.000 * 200 * 0.09 = 1200 tonnes de CO2 par an. Soit l'empreinte moyenne annuelle de 400 français.
Et les panneaux solaires sur le toit ?
Ils sont essentiellement cosmétiques et ne servent qu'une propagande grossière de greenwashing : Pour compenser sa consommation annuelle (14.000 000 kWh / an),
il faudrait en effet compter, à raison d'une production 175 Kwh / m2 et par an dans le sud de la France :
14.000.000 / 175 = 75.000 m2 de panneaux solaires !
4) L'objectif : la surconsommation comme loisir
Notre civilisation rentre dans une ère de contraintes, où la liberté économique absolue nous met tous en danger : chaque nouvelle dépense énergétique et ou /
consommation de ressources doit pouvoir être politisée : soumise à décision commune à l'aune de son utilité.
Ici encore, OpenSky a tout faux : en plus de ne présenter absolument aucune utilité publique, dans une région déjà totalement saturée en zones commerciales, ce type de centre commerciaux "ouverts" entend
instaurer la consommation comme un loisir, tenant captifs les clients des journées entières, les poussant à acheter toujours plus.
C'est exactement l'idéologie (croissance à tout prix) qui nous plonge aujourd'hui dans ces crises climatiques et écologiques. Notre civilisation a besoin de se tourner vers un
nouveau paradigme : sobriété et décroissance. Notre survie à moyen terme en dépend directement.
OpenSky : catalyseur direct des pires effets du réchauffement
climatique
En plus de contribuer directement au réchauffement climatique, OpenSky va augmenter la plupart de ses effets :
1) Inondations : artificialisation des sols criminelle
Le GIEC prévoit un accroissement de la fréquence et de l'intensité des inondations sur le
pourtour méditerranéen dans les décennies à venir. En 2015 déjà, des inondations meurtrières ont fait 20 morts dans les alpes maritimes, dont 3 sur la
Brague.
Le centre commercial OpenSky artificialise 15 hectares supplémentaires sur le bassin versant de
la Brague. Il participe ainsi directement à un risque supplémentaire pour les populations en aval.
Les "bassins de rétention" prévus dans le permis de construire se basent sur des crues centennales, sans prendre en compte l'évolution future des inondations
dures au réchauffement : même si ces cuves étaient effectivement creusées, leur sous dimensionnement et les défauts d'entretien ne leur permettront pas de compenser les effets dévastateurs de
l'imperméabilisation des sols, comme en 2015.
Nous considérons que, dans ce contexte de risque élevé, un moratoire devrait être posé sur toute nouvelle artificialisation des sols. Il est
inacceptable qu'un projet aussi inutile et néfaste mette directement en danger les populations en aval. Les promoteurs (Compagnie de Phalsbourg) et les élus (Jean Leonetti, Marc Daunis, Christophe Etoré)
porteraient une responsabilité pénale directe en cas de nouveau drame.
2) Îlots de chaleurs : le réchauffement local
Les épisodes de canicule sont de plus en plus fréquents et intenses, ils mettent en danger direct les populations les plus vulnérables (nourrissons, personnes âgées, cardiaques, ...).
En plus de contribuer globalement au réchauffement climatique, les temples de béton comme open sky contribuent localement à un effet de réchauffement appelé îlots de chaleurs urbains : jusqu'à 3 degrés supplémentaires en journée à proximité de ces structures en béton.
3) Gestion de l'eau : un bassin artificiel de 10.000 m2
Avec le réchauffement climatique, l'accès à l'eau devient
de plus en plus critique :
- Début juillet, 49 département sont déjà déclarés en sécheresse en France et imposent des restrictions d'eau.
- La gestion de l'eau ne concerne pas seulement l'eau potable : Dans le Jura, près de 1500 hectares de forêts d’hêtres sont menacés par la sécheresse.
Les Alpes Maritimes, jusqu'alors relativement épargnées par cette problématique, commencent aussi à être touchées. Là encore le GIEC prévoit un accroissement des sécheresses en été, dans les décennies à venir.
Dans ce contexte, les architectes de
OpenSky (Gianni Ranaulo) n'ont pourtant pas hésité à prévoir un bassin artificiel géant de 10.000m2. Comment sera il alimenté ? En eau potable ? En
pompant dans la Valmasque à coté ?
Quoi qu'il en soit, nous avons calculé que, rien pour que pour compenser la seule évaporation naturelle en été, ce bassin nécessitera un apport de 50 m3 d'eau par jour ! soit la consommation
moyenne de 300 personnes !
Conclusion
Que ce soit dans les causes ou les conséquences du réchauffement climatique, OpenSky est le symbole de projets archaïques, néfastes à tout point de vue.
En prolongement des marches pour le climat nous, société civile, avons le devoir de nous opposer à ces projets mortifères. Les élus, en tant que représentants de la volonté populaire et garants des engagements de la France sur ses émissions, ont le devoir de tout mettre en œuvre pour nous aider à stopper ces délires d'architectes qui ne profitent au final qu'aux promoteurs et à quelques enseignes transnationales, sans aucun bénéfice local.
Écrire commentaire
couffort (vendredi, 12 juillet 2019 19:15)
Tout à fait d'accord avec vous.
Guigo lecomte Sylvie (samedi, 13 juillet 2019 08:41)
Rien a rajouter à cet article sinon que la mobilisation des citoyens est devenue une question de survie.
Machault (lundi, 15 juillet 2019 20:32)
Tout est parfaitement écrit et exposé clairement pour qu open Sky ne voit pas le jour dans l intérêt général et la protection des biens et des personnes et des générations
Vincent (vendredi, 19 juillet 2019 10:33)
Excellent, merci !
La zone de forêt qui a été rasée à l'est de la D35 devait être utilisée pour le stockage ou le parking d'OpenSky il me semble, et elle avait été rasée il y a bien deux ans maintenant, en mettant un panneau ridicule "désamiantage" d'ailleurs. On dirait que cette zone va accueillir le nouveau bus au final, est-ce que ça veut dire qu'ils ont changé les plans d'OpenSky ?
Est-ce qu'une date de début de chantier a été annoncée sinon, qu'on s'organise ?
Sallese (vendredi, 18 octobre 2019 12:30)
Bonjour,
Je suis journaliste et je souhaiterais écrire un article sur ce sujet. A quelle adresse mail / numéro de téléphone puis-je joindre une personne capable de répondre à mes questions ?
Bien à vous,
Yoanna Sallese